Les habitats de hauteur de Camp-Rouch



      Les habitats de hauteur de Camp-Rouch sont situés sur le Larzac, au nord-nord-ouest de la commune de Pégairolles-de-l’Escalette, rive gauche de la rivière Lergue, à une altitude de 730 m. en moyenne. Entre les rochers, nous avons repéré, depuis 1982, une quinzaine de sites présentant des traces d’occupations humaines : silex, fragments de récipients en terre cuite, haches en pierre polie, tessons en verre, clous en fer, scories de fer, murs… Ces restes ou vestiges indiquent que ces lieux perchés abritaient un ‘village’, occupé à plusieurs époques :

       mésolithique (8000 ans avant notre ère, environ) : microlithes, éclats de silex, trouvés au nord de Camp-Rouch et des Signoles. Peut-être une station de taille ? 

       néolithique final (3500 ans  à 2500 ans avant notre ère, environ), tessons en terre cuite, outils et armes en silex, haches en pierre polie, 

      - âge du bronze final / 1er âge du fer (550 ans avant notre ère, environ), tessons en terre cuite, meules dormantes en basalte,

      -second âge du fer (2ème et 1er siècle avant notre ère, environ), fragments d’amphores (bords, cols, panses, anses, fonds, bouchon), céramique campanienne,

      - antiquité tardive / haut moyen âge (4ème- 8ème siècle de notre ère), fragments de récipients en terre cuite (Dérivées des Sigillées Paléochrétiennes-D.S.P., grise kaolinithique, orangée…), fragments de récipients en verre, meules en basalte, clous, scories de fer (restes de la transformation du minerai, dans les fourneaux), murs de ‘cabanes’… 

      Dans ce « chaos dolomitique », de nombreuses baumes et grottes ont servi d’abris ou de sépultures. 

      Au moins 3 sources se trouvent non loin des habitats. Des fragments de vases citerne ont été découverts dans une des ‘cabanes’.   

      Non loin de là, à l’est, une grande plaine a été cultivée, au moins en céréales, si l’on en croit les nombreuses tables de broyage, en basalte, découvertes (meules).

      En 2009, à l’occasion d’une sortie patrimoine, nous (Groupe Archéologique Lodévois) avons constaté que la plupart des habitats que nous connaissions, avaient été profanés par des fouilleurs clandestins. Le Président du G.A.L. Gérard Mareau,  le signale au Service Régional d’Archéologie (S.R.A.) qui dépêche M. Christian Olive. Celui-ci, malheureusement, ne peut que constater les dégâts.

      Une demande est faite, pour au moins trier les déblais, refaire les bermes, et récupérer le matériel archéologique laissé par les fouilleurs clandestins, ainsi qu’une demande de fouilles de sauvetage. Ce pouvait être l’occasion d’étudier ces habitats et ces occupations, notamment de l’antiquité tardive, peu connue parce que peu étudiée. Il est à noter que seul M. Christian Olive, du S.R.A. est d’accord, il répond à nos demandes, et se déplace à Lodève et à Camp-Rouch. Il est malheureusement, maintenant, décédé…

      Pendant ce temps des sites sont pillés ou détruits à tout jamais…

    Des femmes, des hommes, des enfants, ont vécu sur les hauteurs de Camp-Rouch. Seules les fermes de Puech Doussieu et de Camp-Rouch sont actuellement occupées.

      Nous apportons et apporterons notre savoir, notre connaissance du terrain et des personnes, notre énergie, pour ouvrir quelques pages d’Histoire Locale. A partir des éléments matériels dont nous disposons, nous essayons de faire revivre ces habitats occupés pendant des millénaires, et désertés aujourd’hui.

      Quelques questions se posent concernant les populations ayant vécu dans ces lieux, et quelques éléments de réponses :

        + Pourquoi vivre sur ces hauteurs ?  Pour surveiller et contrôler les environs, les voies de communications et les frontières, se protéger, fuir en cas d’attaques, mais aussi utiliser la résine des pins (restes d’urnes et de soles de fours dans les bois de pins) ?... A étudier !

        + A chaque période (bronze final/âge du fer/antiquité tardive/haut moyen âge), combien de temps sont ils restés ? Peut-être 2 siècles en fin d’occupation (5ème/6ème s.), pour une des cabanes «sondées» par les clandestins ? A étudier !

         + Pour chaque période, combien de personnes occupaient ces lieux ? A étudier !  
            
         + De quoi vivaient-ils ? Elevage, agriculture, cueillette, chasse, commerce… ? A étudier !

         + Pour quelles raisons ont-ils déserté ces habitats ?  Attaques, changements climatiques, épidémies… ? Incursions  Vandales au 5ème siècle ?  … A étudier ! 

      Une importante étude reste à faire, sur ce Patrimoine menacé, avec l’aide, bien sûr, du S.R.A.  

° Note : les datations sont approximatives, et varient selon les lieux et les archéologues professionnels…

A suivre…



Sources :
      - Prospections des membres du Groupe Archéologique Lodévois, depuis 1954. 
      - Jean Prioton : Le chaos dolomitique de Camp-Rouch – 1967.
      - Jean et Jacques Prioton : Camp-Rouch, Jardin botanique du Larzac méridional. Bulletin 
        de la Société d’Etude des Sciences Naturelles de Nîmes. Tome LI-1971.
      - G. Constantini, Jean Poujol : Les stations préhistoriques de Camp-Rouch et du Mas de 
       Rouquet.
      - Daniel et Simone Jadot : Connaissez-vous Camp-Rouch ?
      - Dom Fulcran  Hébrard : prospections. Années 1930. 
      - Dom Fulcran  Hébrard et M. Louis: Roques Grosses et Regagnas. Documents pour servir 
        à l’étude de la Préhistoire Lodévoise. Cahiers d’Histoire et d’Archéologie. 
      - Laurent Schneider : Entre Antiquité et Haut Moyen Age : traditions et renouveau de l’habitat  de   
        hauteur dans la Gaule du sud-est. Manuscrit Auteur, publié dans « Paul-Albert Février, de 
        l’Antiquité au Moyen Age. Actes du colloque de Fréjus, 7 et 8 avril 2001, Michel Fixot (Ed.). 
       2004, 173-200 ». 
     - Laurent Schneider, et Dominique Garcia : Le Lodévois, Carte Archéologique de la Gaule, 34-1,  
       Arrondissement de Lodève. Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture, Ministère de 
       l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, (Diffusion de la Fondation Maison des Sciences de 
       l’Homme), 332 pages, 1998.


   1. Rochers abritant les habitats de hauteur - Camp-Rouch - Pégairolles-de-l'Escalette - 1997
2. Rochers dolomitiques - 1985

 3. Site n°1 - Grande clairière habitat - Fouilles clandestines antérieures à 1985
4. Site n° 2 - 'Cabane' adossée au rocher

 5. Site n°3 - Grande clairière - Importantes fouilles clandestines en 2009 - Tente des clandestins
6. Site n°4 - Tesson décoré (panse), du Ier âge du Fer - 2010

 7. Site n°5 après de fortes pluies en 2015 - Beaucoup de scories en fer et
quelques fragments d'objets en bronze - Four de fusion du fer 1
8. Site n°5 - Agrafe en bronze, 'oubliée'

 9. Site n°6 - Baume et éboulis - Occupations Bronze final. Ier âge du Fer
Fouilles clandestines signalées au S.R.A. en 1988
10. Tables de broyage (moulins), trouvées en surface - 1984

 11. Site n°7 - Terrasse au pied de petites baumes - Fouilles clandestines antérieures à 1985
12. Balade Prospection des membres du Groupe Archéologique Lodévois - 2010

 13. Site n°8 - Longue terrasse, occupée vers le Vème siècle de notre ère - 1988
14. Site n°9 - Mur ouest de la 'cabane'

 15. Site n°10 - Entrée d'une 'cabane' adossée au rocher - Mur appareillé - 1988
16. Site n°11 - Mur ouest de la 'cabane' - 1988

 17. Site n°12 - Fragments d'amphores (bords, bouchon, anses, fonds),
laissés par les fouilleurs clandestins en 2009 - IIème age du Fer
18. Site n°12 - Tessons de céramique campanienne (IIème âge du Fer),
laissés par les fouilleurs, en 2009

 19. Site n°12 - Tessons céramique (bords, fonds), de l'antiquité tardive,
laissés par les fouilleurs en 2009
20. Site n°12 - Fragments de verre de l'antiquité tardive (vers le Vème siècle) - 2009

 21. Site n°12 - Mur de soutenement d'une terrasse - Fouilles clandestines en 2009
22. Site n°13 - Mur nord

 23. Site n°14 - Baume
24. Site n°15 - Petite grotte - Quelques tessons trouvés en surface - 1990

25. Site n°16 - Grotte sépulcrale (calotte cranienne)
26. Site n°17 - Lieu d'exploitation de la résine (peut-être), à l'époque gallo romaine















      

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