Le Château de Montbrun à Lodève






Une excellente position stratégique

Au confluent des deux rivières, la Lergue et la Soulondres, s'élève, le puech Montbrun sur lequel culminait, à 225 mètres d'altitude, un château médiéval ayant succédé à des "occupations" antiques. Depuis cette position, il est possible de contrôler des passages importants entre la plaine et la montagne, ainsi que les accès aux mines de cuivre et d'argent, dont le Lodévois est riche.

Lodève - Puech Montbrun au centre de la photo. 1985 

Une partie du quartier S.E. du barry, au pied du puech Montbrun. 1986 

Plan du quartier du barry et du castellas de Montbrun
(d'après les recherches et les sondages du G.A.L.) 

Plan des fortifications de Lodève et du barry


Epoque antique

Sur ce puech, des prospections et des fouilles initiées et réalisées par le Groupe Archéologique Lodévois ont révélé une occupation à l’époque gallo-romaine et au haut moyen-âge. Un bâtiment, aux murs bien appareillés, de 2 mètres d’épaisseur, pourrait avoir été érigé à l’époque antique. Chacun des 7 sondages effectués ont permis de découvrir des documents (objets) archéologiques, datant du 1er siècle avant, au 5e ou 6e siècle de notre ère. Des prospections sur la colline ont également permis la découverte de nombreux documents (sigillée, dolium, tuiles, monnaie, peson, etc).


Une partie du mobilier archéologique, d' époque gallo romaine, découvert à  Montbrun.
1982-1995

 Lavage, par le G.A.L., de tessons d'époque gallo romaine, oubliés (lire négligés) par le S.R.A.

Etude des poteries sigillées, gallo romaines, découvertes par le G.A.L. à Lodève.
Par Alain Vernhet (au centre), professeur et archéologue




Epoque médiévale. Fief des Comtes-Evêques


Les premiers vicomtes de Lodève ne sont pas connus.
La plus ancienne mention que l’on trouve est de 949, où l’on voit les deux frères Heldin et Odon intervenir dans l’élection de Saint-Fulcran. Ils se qualifient de vicomtes dans une charte de 960.

Le château a probablement été bâti vers le 10ème siècle, mais c’est sous l’épiscopat de Pierre de Posquières (1143-1161) que l’on trouve, pour la première fois, la mention « castrum de montebruno », une forteresse qui domine Lodève. Sa possession est confirmée par une bulle du pape Eugène III datée du 11 avril 1145.

Au 12ème siècle, les évêques vont inféoder les châteaux qu’ils possèdent à de puissantes familles. Nous voyons, en 1187, un certain Guilhem, qui possédait le château de Montbrun et d’autres droits importants.

Les évêques ont affermi cette possession et renforcé les défenses du château tout au long du Moyen Âge. Le 12 octobre 1423, sous Michel Le Boeuf, les évêques s’intitulent : comtes de Montbrun. Le château va devenir le centre féodal du Pays de Lodève.


Guerres de Religions


Pendant les guerres de religion, au 16ème siècle, le château fut disputé entre catholiques et protestants. Plus tard, suite aux démêlés de l’évêque Plantavit de la Pause qui avait embrassé la cause des protestants contre le cardinal de Richelieu, ce dernier ordonna la destruction de la place forte de Montbrun. Cette destruction eut lieu entre 1633 et 1638. Il ne sera ensuite, dans l’histoire, plus question de ce château-fort.


Un château-fort classique


Sur le site de Montbrun, au tènement « le castellas », des fouilles archéologiques ont été effectuées par le Groupe Archéologique Lodévois de 1983 à 1995. Sur la partie sommitale du puech, la base d’un donjon quadrangulaire a été retrouvée.


Base d'un donjon médiéval, au sommet du puech Montbrun. 1985


Autour de ce donjon, des habitations ont été repérées et dégagées et, notamment, une cuisine a été partiellement fouillée.


 Fouille d'une partie des cuisines du château. 1985


Il a été également repéré, au nord-est, une deuxième zone d’habitat, 2 citernes et 2 petites tours carrées. L’ensemble était entouré d’une enceinte possédant, parfois, un glacis, et l’accès était protégé par une barbacane.


Mur en grand appareil, de 2m d'épaisseur, avec blocage maçonné
(peut-être antique ou tardo antique), repris dans le rempart médiéval. 1985 

Rempart  S.E. 1986

Nettoyage, entretien du sondage V,
pour permettre au public de découvrir une partie de l'architecture du château,
à travers les travaux du G.A.L. 2015

Nettoyage du sondage V. 2014

Entretien d'une tourelle.  2012 

Nettoyage du mur S.E. d'une tourelle. 2012


Le Barry

Le Barry, ou faubourg de Montbrun, constituait une agglomération à part.


Une partie du quartier S.E. du barry,
au pied du puech Montbrun. 1986

Plan du quartier du barry et du castellas de Montbrun
(d'après les recherches et les sondages du G.A.L.)


Il était protégé de tout son front nord par les deux rivières qui baignaient les fondements de ses maisons et sur les côtés par deux murailles descendant du château de Montbrun jusqu’à la Lergue au midi, jusqu’à la Soulondres au couchant. Deux portes le faisait communiquer avec l’extérieur : la porte de Clermont et la porte du Verdus. Cette dernière tirait son nom du ruisseau qui descend de Belvézé, appelé le Verdus ou encore le Roanel, et on pénétrait de la ville dans le barry par le pont d’en mitan, et par un gué sous le pont de fer actuel, entre la porte du Mazel et une rampe raide qui venait aboutir à une série de porches supportant des maisons sous lesquelles passait la longue rue qui rejoignait les deux portes. Cette rue traversait quatre places ; sur la dernière, à côté du café du quai Vinas était le puits commun. Le barry envoyait deux membres au conseil politique et nommait un capitaine des portes. Cette élection avait lieu dans la semaine de Pâques. Le dimanche de Quasimodo, les sigilliers, nouvellement élus la veille des Rameaux, accompagnés de leurs conseillers, se rendaient au barry, sur la place du puits, où des sièges leur étaient préparés et là, devant tous les habitants du faubourg, le capitaine des portes sortant leur présentait son successeur et rendait les clés au premier sigillier qui les remettait au nouveau capitaine. Ensuite l’assemblée allait visiter les portes.


Des Comtes et Evêques prospères


Les objets les plus spectaculaires retrouvés lors des fouilles, datent, pour la plupart, des 14e et 15e siècles. Il s’agit d’objets et de vaisselles de luxe qui confirment la richesse des comtes-évêques de Lodève.

Quelques uns des objets découverts :

• Un robinet de fontaine zoomorphe. La partie supérieure est un chien et le bec verseur pourrait être une tête de félin. Bronze moulé.



Robinet de fontaine, en bronze moulé,
découvert dans la cuisine du château. 1985




• Une anse en étain d’une écuelle, frappée aux armes d’un évêque.


Anse en étain, d'une écuelle aux armes d'un évêque (non identifié). 1985




• Une applique ajourée, en alliage cuivreux estampée et dorée, historiée d’animaux fantastiques.


Applique ajourée, en alliage de cuivre recouvert d'or fin,
décorée d'animaux fantastiques. 1985




• Une bouterolle en tôle de bronze estampée à décor floral.


Bouterolle en alliage de cuivre, ouvragée et décorée
(embout métallique pour la protection de l'extrémité fermée
du fourreau en cuir d'un poignard ou d'une épée). 1985




• Une boucle rectangulaire, fine et ouvragée en bronze.


Bouterolle, boucle, grelot, et fourreaux d'épingles.
Alliage de cuivre. 1985



• Un pendentif en forme de gland, en bronze.
• Une bague en bronze décorée de fleurs de lys.
• Un sceau en terre cuite claire, aux armes d’un évêque.



Sceau en terre cuite, aux armes d'un évêque (non identifié)-
En rouge, contre empreinte en pâte à modeler. 1985




• Un fragment de sculpture représentant glands et feuilles de chêne.



Elément de décor en calcaire.
(photo Eric Layral). 1985
      

       • Un fragment de chapiteau en calcaire fin.



Chapiteau en calcaire fin, provenant probablement de l'ancienne chapelle
Notre Dame de Beaulieu. XIè ou XIIè siècle.
(photo Eric Layral). 1985



• De la vaisselle en céramique majolique, à décors géométriques et floraux, bleu ou marron sur fond blanc. Des coupes, des verres, des flacons, en verre fin et décoré.


Tessons de vaisselle majolique
(ou hispano-mauresque),
en terre cuite. du XIVè siècle.
Cuisine du château. 1986 

Coupe à tige, en verre, décorée,
dont la paroi a une épaisseur de 0,4 millimètre.
Cuisine du château. 1985 

Fragments, décorés, de vaisselle en verre.
Cuisine du château. 1986





• Des pièces de monnaie en argent ou en alliage de cuivre, dont un Louis VI (1108-1137), et un denier de Melgueil (1215). Les autres pièces sont datées des 13, 14, 15 et 16e siècles.


Denier de Melgueil, depuis 1215. Raymond I,
croix formée d'un pal patté et fiché, accosté de 2 penons (recto) 

Denier de Melgueil, depuis 1215. Narbona, type carré odonique formé de 4 annelets (verso)




Des documents archéologiques, concernant l’histoire de Lodève,
qui pourraient être présentés dans une vitrine du musée de Lodève…









La chapelle Notre Dame-de-Beaulieu



Une chapelle, érigée sur les hauteurs du barry, le faubourg Montbrun, est mentionnée par un acte du 12 septembre 1156 (minutes de Coussergues, notaire à Lodève, étude Hébrard).




Une partie du quartier S.E. du barry,
au pied du puech Montbrun. 1986

Plan du quartier du barry et du castellas de Montbrun
(d'après les recherches et les sondages du G.A.L.)




Elle est également mentionnée le 18 août 1432, par Bernard de Lodève, seigneur de Fontès : ecclesiam de Bello Loco… (minutes de Pierre Pinet, notaire à Lodève, étude Hébrard). 
Mentionnée aussi en 1560, dans un compoix, f*78, relevé dans Ernest Martin, « Histoire de la Ville de Lodève » : « … Hostal du barry de Montbrun confronte an la capella… ». 
Une chapelle castrale devait exister dans l’enceinte du château. 


A SUIVRE…










Sources



• La série G1050, inventaire de Briçonnet, 1489-1519, de 1498 

• Livre Vert C.C.31, registre des Baux et Comptes des Tailles de Lodève, de 1531-1626 

• Dom Devic et Dom Vaissette, « Histoire générale du Languedoc ». Toulouse – 1876 

• C. Douais. « Un nouvel écrit de Bernard Guy : le synodal de Lodève (1325-1326) – Paris 1894 
• Emile Bonnet. « Les ouvrages de Jean Plantavit de la Pause, évêque de Lodève » - Montpellier Serre et Roumégous – 1900 
• Ernest Martin. « Histoire de la Ville de Lodève », 2 volumes. Montpellier – 1900 
• Pierre Delon, Gérard Mareau et le Groupe archéologique Lodévois – « Archéologie en Languedoc », revue trimestrielle de la Fédération archéologique de l’Hérault – Pages 161 à 174 – 1985 (4) 
• Gérard Mareau – « Lodève Cité historique, 10 ans de recherches archéologiques » - « Le château de Montbrun », pages 23 et 24 – Musée de Lodève – Exposition 27 mars-17 mai 1998 
• Gérard Mareau – Maurice Cauvy – Blandine Castanier. « Lodève l’antique Luteva » - Pages 49 à 58 – Editions du Centre Hérault – 2009 
• Prospections du Groupe Archéologique Lodévois – 1982 à 2017







Bague en or de 24 carats, montée avec un grenat serti-XIVè siècle
Ayant peut être appartenu à un évêque de Lodève.
Cathédrale Saint Fulcran. 1980

Halde d'une ancienne mine de plomb, argent, cuivre,
ayant appartenu aux évêques de Lodève.
Lodève. 1997

Ancienne mine exploitée par les évêques de Lodève au XIIIè siècle.
Soumont Lodève









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